M'expliquerais-tu, ô belle adorée, la nature,

De ce mystérieux prodige, délicieuse torture ?

Tourbillon impétueux venu de mon cœur,

Se peut-il que nul mal ne réside en ces ardeurs ?

 

À âme lucide parvient terrible question:

Ange de l'amour, ne serais-tu pas démon ?

Tes merveilles en effet donnent légitime peur,

Ne dit-on pas que trop bon ne peut-être que leurre ?

 

Ô ma très chère amie, corps et âme je te veux;

Mais incapable de céder aux désirs brûlants

De mon cœur, plein d'amertume, je te laisse pourtant.

 

Que ferais-je de toi sinon, malléable sœur ?

Tu n'étancheras pas, je sais, ma soif de candeur.

Mirage malgré tout demeure; et reste par ce Non

Ouvert, l'infini champ des possibles liaisons...

 

Ces mystères te sont impénétrables; comme fleur,

Femme cueillie ignore métempirique splendeur.

Par toi lumière ? Chimère donc, douce créature.

Alors... De ce feu pur, où chercher la nature ?

 


 

Flûte shakuhachi, associée au léger et harmonieux bruissement des feuillages nocturnes...

Presque infini sérénité dégagée par ces sons vecteurs d'éternité.